Il m’en a fallut du temps pour comprendre que fuir l'état de victime ne faisait que me transformer en bourreau de soi-même.
Dans les cas d’abus on parle beaucoup de l’agresseur et de la place de victime dont il faut sortir à tout prix pour pardonner à l’autre. Il est très rarement fait mention et entendu qu’il est plus difficile d’accepter son statut de victime pour se pardonner à soi avant tout.
L’emprunte de l’abus marque au fer rouge et ce que l’on voit chaque instant n’est pas le souvenir de l’autre mais la cicatrice que l’on a permis d’apposer sur son propre corps. Le dégout de soi, la culpabilité et l’insécurité accompagnent chaque petits moments de jouissance de la vie. Chaque petite lumière est suivie de cette ombre pour rappeler que le plaisir n’est pas chose saine et qu’il n’a pas lieu d’être. L’abus s’immisce partout et il devient un acte plus légitime que Soi. Dans ce combat il n’y a que soi dans un face à face entre la victime trop honteuse de ce titre et le bourreau intransigeant et impétueux. L’autre devient soi et là commence une danse entre ses deux visages qui ne prend jamais fin.
Aujourd’hui je décide d’abandonner le combat et de lâcher les (l)armes, j’ai vécu des abus et en est victime. Je choisis de vivre, d’aimer sans réserve, d’être pleinement femme, de jouir de la vie intégralement et de nourrir mon corps sans culpabilité, ni honte. Je choisis ma fragilité plutôt que ma force et décide de me laisser tout le temps qu’il faudra pour être victime et le digérer à mon rythme.
Parler d’abus n’est pas chose facile et de victime encore moins. Partager c’est aussi se guérir et permettre au lecteur de peut-être se reconnaitre dans ces mots et d’y être donc entendu. Je n’ai nul besoin de sauveur ni de pitié, seulement d’être accueillie dans cet état sans jugement, ni avis mais avec bienveillance, amour et douceur.
Aho
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